1. |
Le ciel est mou
04:18
|
|||
Ah ! Je vais mal.
Je regarde par la fenêtre.
Un merle fouille parmi les herbes.
Dans la rue un homme parle fort.
Une boule au ventre, très lourde et blanche.
Une boule au ventre, très lourde et blanche.
Ah ! Je vais mal.
Je sors marcher et vais m'asseoir
dans le parc le plus laid de toute la ville
sur un banc, à côté des poubelles.
Les voitures passent si près.
Et les chiens se battent. Quel réconfort.
Et les chiens se battent. Quel réconfort.
Le ciel est haut et il est mou.
On dirait du polystyrène
très mal scotché sur un tissu
très mal tendu sur un plafond
un peu trop haut.
Mais c'est beau quand même.
|
||||
2. |
Festivillage
03:45
|
|||
Iras-tu au Festivillage ?
Je ne sais pas si j'irai
C'est loin tu sais
Et le chemin réserve parfois de drôles de surprises.
Les ponts ont-ils été reconstruits
Depuis cette très fameuse nuit ?
Les routes étaient inondées
La dernière fois que j'ai tenté l'odieux voyage adoré.
Là-bas, feras-tu les attractions
Qui le rendent célèbre dans la région ?
La fête au poivre et
Le grand jeu des saisons, finiras-tu la portion
De l'étrange ragoût qu'on y sert ?
S'agira-t-il de t'éviter soigneusement ?
Ou au contraire de te croiser sans faire exprès ?
Rester cacher, oui mais tout près
Et je serai content d'être triste.
Iras-tu au Dancing Moderne ?
Ça fait une paye on dirait.
Je n'y vais plus mais
Je suis sûr qu'on y trouve encore de drôles de surprises.
Te souviens-tu de ces vieux amants ?
Ils avaient peut-être soixante dix ans.
De tous les danceurs
Ils dansaient le plus mal et aussi s'amusaient le mieux.
Certaines choses se collent à mon cerveau
Et n'en décolleront jamais.
Pour quelle raison ?
J'oublie parfois l'essentiel et me rappelle d'un chiffon.
J'invente très bien les souvenirs.
Je me souviens d'une expression et d'un repas
D'un goût bizarre, d'une discussion dans un endroit.
Je veux y aller et je n'veux pas et si j'y vais
S'agira-t-il de t'éviter soigneusement ?
Ou au contraire de te croiser sans faire exprès ?
Rester cacher, oui mais tout près
Et je serai content d'être triste.
|
||||
3. |
La Racle route
07:18
|
|||
On entend au pas si loin
Les moteurs et la poussière
Les arbres comme un paravent
Cachent les machines juste derrière
Toi dans ton costume trop lourd
Tu transpires déjà très fort
Creuser va te rendre sourd.
Racles quand même jusqu'à la mort.
Tu fabriques ta Racleroute
Comme on commence un dessin
Qu'on n'pourra jamais terminer
Passe au milieu de la forêt
Coupe les buissons et les bosquets
Il te faudra des dents de fer
Et les griffes poussées hier
Sont elles assez dures ?
Racle la terre et les cailloux
Avec les ongles de tes doigts mous
Racle si bien que tu pourras
Finalement sortir de ce bois
Mais ça c'est pas sûr.
Et tant pis si tes griffes se brisent
Et restent plantées dans la terre.
Oui, la Racleroute sera
Une route très irrégulière.
Ce n'est pas une belle construction
Ni cathédrale ni pyramide
C'est comme le dos d'un dragon
Capable du pire et de l'humide.
Tu fabriques ta Racleroute
Comme on commence un dessin
Qu'on n'pourra jamais terminer.
Qui sait si ta Racleroute
Croisera dans quelques temps
Une créature nouvelle et adorée ?
Passe au milieu de la forêt
Coupe les buissons et les bosquets
Il te faudra des dents de fer
Et les griffes poussées hier
Sont elles assez dures ?
Racle la terre et les cailloux
Avec les ongles de tes doigts mous
Racle si bien que tu pourras
Finalement sortir de ce bois
Mais ça c'est pas sûr.
|
||||
4. |
Etre vieux
04:05
|
|||
Être vieux
avec une barbe
et un manteau
très râpé
comme un chien
allongé sur lui même
dans ses propres bras
Être vieille
sous le ciel
en avril
quand la terre est molle
et que le monde
continue à renaître
comme un arbre
Parchemin
en visage
vieux et doux
patiné
les yeux clairs
et chassieux
encombrés
de tout le reste
tout l'avant
le fini le plus jamais
pour toujours
Sous le poids
de ce corps
si léger
si chargé
tellement marqué
par les gestes
répétés
ou jamais faits
finir par terre
sans demain pour toujours
Comme les autres
Comment sait-on que c'est la dernière fois ?
On sait rarement que c'est la dernière fois.
Comment sait-on que c'est la dernière fois ?
On sait rarement que c'est la dernière fois.
|
||||
5. |
L'oiseau poupe
03:34
|
|||
L'oiseau Poupe se rit de nous. Parce qu'on sait tout et qu'on a plusieurs mots.
Pour parler de tout. Lui n'en a qu'un seul. Il l'utilise dans le noir pour ne dire qu'une seule
chose tout au long de sa vie.
Alors quand vient la nuit, il prend son temps, il réfléchit.
Il dit son mot, et recommence.
L'oiseau Poupe se rit de nous.
Avec son mot il dit tout.
L'oiseau Poupe se rit de nous.
Avec son mot il dit tout.
|
||||
6. |
La viande de ta famille
04:54
|
|||
Quand ta graille est si polie qu'elle s'agenouille avant l'hallali
C'est de la viande pas de doute, elle passera coûte que coûte
Même si c'est un peu dégueu
Tu ne fermeras pas les yeux
C'est gluant et ça sent fort
Tu as honte et pourtant tu mords
À pleines dents dans la gentille
Dans la viande de ta famille
C'est la viande de ta famille
C'est la viande de ta famille
Quand ta graille et si polie
Qu'elle s'agenouille avant l'hallali
Oncles et tantes sur un bateau
Flottant au beau milieu de l'eau
« C'est une chance qu'il fasse si beau
Il reste des œufs au sirop »
Et quand il n'y aura plus rien
Dans le bocal des anciens
Rira bien qui rira bien
Qui rira jusqu'à plus faim
Elle est tiède quand elle est fraîche
Il faut bien l'accomoder
Bien faisandée en grenier
Viande en sauce ou bien viande sèche
Tu n'as pas peur en plein jour
Même tout nu, tu n'as pas froid
Mais quand la nuit tombe sur toi
Tu dois avouer ton amour
À la viande de ta famille
C'est la viande de ta famille
C'est la viande de ta famille
|
||||
7. |
||||
Sombre Jambe avait un travail extrêmement compliqué.
Il n'était pas dans ses habitudes d'en parler.
En fait, en parler lui aurait demandé beaucoup trop d'énergie.
Jambre Gilles, quant à lui, avait une montagne de problèmes insurmontables.
Et la plupart du temps, il faisait comme si de rien n'était.
Deux amis que rien ne rapprochait.
À part peut-être
Deux amis.
Deux amis.
Le soir tous deux se retrouvaient pour se taire.
Ils se taisaient si bien, se taisaient si bien.
Le soir tous deux se retrouvaient pour se taire.
Ils se taisaient si bien que leur conversation ressemblait à
Ils restaient donc assis tous deux de face ou de profil, assis, couchés ou debout, dans une
pièce qu'ils avaient choisi au préalable (disons, un salon, une chambre, une salle à manger,
peu importe d'ailleurs) en silence, pendant assez longtemps.
Et parfois, le silence entre eux se matérialisait concrètement et prenait la forme d'un animal
costumé.
Par exemple, un chien habillé en archevêque.
Ou alors un ragondin avec une tenue de footballeur.
Ou un faucon avec un slip.
Enfin ils se quittaient, rassurés, confortés, bien endoloris par l'immobilité.
Enfin ils se quittaient, rassurés, confortés et parfois même séduits par une nouvelle idée.
- Sombre, j'ai... (une idée)
- Je sais
- Ah ?
- Alors ?
- Oui.
|
||||
8. |
La Fleur intestinale
03:43
|
|||
J'écarte le lourd rideau rouge
qui m'isole de ces contrées
où le sol toujours bouge,
où les plaines sont des tunnels,
l'horizon n'est plus qu'un cercle.
J'avance et les sucs me retiennent
et digèrent tous mes habits.
Quelques gouttes sur ma peau ;
la douleur est un costume
qu'il me faudra endosser.
Soudain l'étau mou
se resserre.
Je suis presque au bout.
Quelques volées de marche,
le sol est glissant.
Le combat a déjà eu lieu,
le monstre est mort.
Ne perdons pas de temps.
Je cueille la fleur, je remonte et
Je te donne ma fleur intestinale,
c'est la chose la plus précieuse que je possède.
C'est la fleur venue de mes entrailles
et voilà, je la dépose entre tes mains.
La plante a beaucoup poussé,
les tiges me grattaient le palais.
Il était temps que je m'en sépare.
Je te donne ma fleur intestinale.
Je te donne ma fleur intestinale.
Je te donne ma fleur intestinale.
Je te donne ma fleur intestinale.
|
||||
9. |
Morceau de choix
07:27
|
|||
Attends la tombée du jour
pour sortir de ta pauvre maison
Vois ce que l'obscurité recouvre
n'oublie pas ton petit carillon
Chasse de ton esprit toutes les idées
et rends le noir comme un pendrillon
Bois du liquide une dernière gorgée
ne réfléchis pas à la potion
Car devant le Roi que tu crois imberbe
Tu déposeras un bouquet, une gerbe
et un morceau de choix devant lui dans l'herbe
Sois celui qui sait où il doit aller
et va tout droit si tu n'en sais rien
Crois le premier panneau que tu vois
chez ton boucher tu vas et c'est bien
Choisis ton morceau avec les doigts
prends le plus beau car tu vas l'offrir
À présent va à l'orée
de la forêt qui doit t'engloutir
Va, prends les sentiers secrets
les badauds ne font pas attention
Sois fébrile bien que plutôt discret
la clairière est ta destination
Car devant le Roi que tu crois imberbe
Tu déposeras un bouquet, une gerbe
et un morceau de choix allongé dans l'herbe
|
||||
10. |
||||
Et c'est en fabriquant la terre
Tous les jours depuis hier
La mienne je crois
N'est pas très ronde mais ça ira
On empile des petits cailloux
Et on bâtit des temples mous
On traîne nos sacs dans la poussière
Tous les jours depuis hier
Après y a tout qui s'casse la gueule
Une averse de rien du tout
Ça y est on est tout seul
Et on repart sur les genoux
On se relève tant bien que mal
Certains préfèrent quitter le bal
Il n'y a jamais rien d'autre à faire
Tous les jours depuis hier
Et c'est en fabriquant la terre
Tous les jours depuis hier
La mienne je crois
N'est pas très ronde mais ça ira
Alors c'est oui et c'est tanpis
Si on a peur si on a mal
Et si on doit changer d'cheval
Parce qu'il n'aime plus la bruyère
On empile des petits cailloux
Et on bâtit des temples mous
Il n'y jamais rien d'autre à faire
Tous les jours depuis hier
Tous les jours depuis hier
Tous les jours depuis hier
Tous les jours depuis hier
|
Rien faire Lyon, France
Rester assis sur une chaise. Ne pas attendre, parce qu'attendre c'est déjà faire quelques chose. Ne pas réfléchir, parce que
ça aussi c'est une activité.
Rien faire.
Un trio pour faire des chansons imprévisibles.
Parfois c'est le rock, parfois c'est la balade délicate ou la mélodie étrange faite pour inventer des danses.
Bizarreries et musique pop.
Ça ne ressemble à rien?
Tant mieux.
... more
Streaming and Download help
Rien faire recommends:
If you like Rien faire, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp